Les monnaies locales complémentaires, qu’est-ce?

Émergence des monnaies locales partout en France

Depuis quelques années vous aurez sans doute remarqué dans certains commerces de votre ville ou de votre village, que des gens payent avec de drôles de billets. Il s’agit sans doute d’une monnaie locale, appelée également monnaies complémentaire (MLC). Il en existe plusieurs dizaines, certaines fondées dès 2008, et on peut citer par exemple l’Abeille à Villeneuve-sur-Lot, la Cigalonde, l’Eco, la Gonette, le Grain, le Lien, le Louis et encore la Luciole, le Lien, le Miel, la Roue, le Stück…ou bien le projet de la monnaie de Paris, la Seine.

Pourquoi des monnaies locales ?

La création des monnaies locales répond à plusieurs objectifs, tout d’abord favoriser les échanges locaux. Cette monnaie ne sortant pas de la ville où elle est créée, elle sera donc en priorité destinée à dynamiser le tissu local. Ne pouvant pas être épargnée, elle sera réinjectée immédiatement auprès des adhérents (commerçants, artisans, professionnels du territoire). Cette monnaie ne peut être contrôlée par les mouvements boursiers, ce qui en fait un facteur de stabilité monétaire (crise de 2008). Certaines monnaies prévoient même une fonte monétaire de 2 % au bout de six mois pour accélérer la circulation et favoriser la consommation. Si votre argent ne vous rapportait pas d’intérêts à la banque, mais au contraire perdait de la valeur chaque année, le conserveriez-vous ?

La force de la monnaie locale repose uniquement sur le dynamisme des territoires qui s’engagent dans ce dispositif. Et si le côté identité régionale, peut avoir des côtés sympathiques et dynamisants, il faut faire attention à ce que certains ne cherchent pas, au travers de cette création de moyens de paiement, à recréer des baronnies, avec les travers que nous avons pu connaître par le passé.

Comment fonctionnent ces monnaies locales ?

Le but n’est pas de remplacer la monnaie nationale, mais de la compléter. L’usage de ces monnaies est tout à fait légal à condition d’être adhérent de l’association qui l’émet, cette monnaie est de plus convertible en euros. Un processus bien précis et encadré permet à une association de créer une monnaie locale.
Première étape créer un fond de garantie : la monnaie locale émise doit correspondre à un montant équivalent déposé en euros sur un compte garanti qui permet le cas échéant de reconvertir en euros.

L’adhérent de l’association, échange des euros contre la MLC, avec cette MLC, il achète chez l’épicier partenaire qui lui même va chez le coiffeur et règle avec sa monnaie locale, le coiffeur fait garder ses enfants et règle en MLC….

Le risque existe bien sûr, car cette monnaie complémentaire, peut-être plus facilement falsifiée. Conscient de ce problème plusieurs villes travaillent sur une monnaie électronique, comme à Nantes, d’une part pour éviter les surcoûts d’impression de la monnaie papier, et d’autre part pour sécuriser ses échanges.

C’est sur la durée que l’on pourra juger, si ses initiatives sont viables ou non. De nombreux projets sont en cours, mais plusieurs monnaies ont déjà cessé d’être utilisées par les villes les ayant adoptées. À suivre ou à initier selon vos envies.

MLC = monnaie locale complémentaire